On nous parle beaucoup de la différenciation pédagogique comme le moyen à privilégier pour favoriser le succès de tous les élèves. Je pense que la différenciation pédagogique au préscolaire est
facilitée par la structure du programme en six compétences axées sur le développement global de l’enfant (PFEQ, 2006). En stage, comme l’on fonctionnait souvent par atelier ou par le jeu, la
différenciation était simple, car elle se limitait souvent à laisser plus de temps à l’élève ou lui préparer une version différente d’un atelier pour qu’il puisse en profiter. Toutefois, je pense
que ce sera plus compliqué pour les classes du primaire.
Comme travail de session du cours ASS2063-30 Intégration scolaire et Modèles d’intervention, nous devions analyser et modifier un réel plan d’intervention (PIA) pour ensuite utiliser ce plan
d’intervention et différencier une SAE. J’ai ADORÉ ce travail pour plusieurs raisons. Premièrement, j’avais vraiment l’impression de faire de la différenciation puisque l’on utilisait un réel
plan d’intervention et une SAE que nous avions conçue (Mimi à l’épicerie dont je parle dans le billet ici). Nous avons différencié au niveau des contenus (images, quelques cases déjà complétées),
des structures (aide-mémoire disponible) et de la production (accepter plusieurs productions finales). C’était concret, on se rapprochait d’une étude de cas ce qui ne nous est pas souvent demandé
dans nos cours et que j’affectionne particulièrement.
La première partie du travail était en la révision d’un plan d’intervention existant pour en modifier les objectifs et moyens pour combler les besoins de l’élève et profiter de ses capacités. Par
ce travail, j’ai réalisé que peu de PIA respecte les indications incluses dans le Guide d'utilisation concernant le canevas de base du plan d'intervention publié par le gouvernement du Québec
(disponible à la fin de ce billet). Le PIA initial comptait parmi les capacités de l’élève son sens de l’humour et le fait qu’il soit sportif. Nous sommes loin de la définition de capacité
fournie dans le guide d’utilisation qui est de faire ressortir les aptitudes de l’élève sur lesquelles nous pourrons miser pour le faire progresser en lien avec ses besoins et avec les objectifs
poursuivis (gouvernement du Québec, 2012). Il est peu probable que son sens de l’humour ou son esprit sportif lui servent ici…
Au niveau des objectifs aussi ce qui était mis en place ne respectait pas les règles de l’art. Ceci me rappelait certains PIA que j’avais vus durant mon premier stage où un moyen pour améliorer
les résultats d’une élève était « elle doit faire ses devoirs ». Vraiment ? Le processus des PIA, bien utilisé, mène à de réels moyens qui soutiennent les élèves. Il semble
toutefois que bien qu’il y ait des règles recommandées, les plans d’intervention, leur rédaction et leur mise en place diffèrent d’une école à l’autre, même d’un PIA à l’autre, et c’est un
problème surtout quand vient le temps d’évaluer l’efficacité des mesures mises en place. La même phrase peut avoir une définition différente selon qui a rédigé le PIA…
La démarche du PIA est décrite dans la loi de l’instruction publique « Le directeur de l’école, avec l’aide des parents d’un élève handicapé ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage, du
personnel qui fournit des services à cet élève et de l’élève lui-même, à moins qu’il en soit incapable, établit un plan d’intervention adapté aux besoins de l’élève. Ce plan doit respecter la
politique de la commission scolaire sur l’organisation des services éducatifs aux élèves handicapés et aux élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage et tenir compte de l’évaluation
des capacités et des besoins de l’élève faite par la commission scolaire avant son classement et son inscription dans l’école. Le directeur voit à la réalisation et à l’évaluation périodique du
plan d’intervention et en informe régulièrement les parents. » (LIP, art. 96.14).
Pourtant selon ce que j’ai pu voir et entendre en stage ou auprès de mes amis parents, c’est souvent autrement que cela se passe. Premièrement, le plan d’intervention est souvent rédigé par les
orthopédagogues et révisé avec les enseignants avant d’être présenté aux parents. Bien souvent, on l’informe plus qu’on ne l’implique et rarement les élèves sont réellement impliqués. Quand on
parle des compétences 9 et 10 et de la collaboration au sein de l’équipe-école et l’équipe pédagogique, je me serais attendu à voir dans les écoles une réelle collaboration. Ce n’est même pas une
question de désir ou de préférence, c’est notre travail ! J’ose espérer que ce que j’ai vu dans mes deux stages et entendu auprès de mes connaissances s’avère être l’exception, car je ne
sais pas si je serai capable de ne pas être impliquée dans le processus de rédaction du PIA pour un de mes élèves. Comme parent, je ne pense pas plus être capable de ne pas être impliquée. Je me
demande si les parents sont au courant de l’article 96,14. En plus, après le travail de session mentionné plus haut, je suis convaincue qu’un travail de concertation en équipe est le plus
efficace pour arriver à des objectifs atteignables par des moyens adaptés et efficaces pour l’élève en question.
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